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84 — Qui, Lieu.... ? demanda M. Malderton. — Quoi! pouvez-vous me demander de qui je parle, mot! cher ? et de qui parlerais-je, si non de ce jeune homme aux noires moustaches et à la cravate blanche, qui était au dernier bal du cercle et dont toutes les jeunes filles avaient l'air de raffoler ? De qui parlerais-je, si non du jeune.... du jeune — mon cher, rappelez-moi son n o m — — Marianne, quel est le nom de ce jeune homme ? continua mislress Malderton, s'adressant à sa plus jeune fille qui s'occupait à tresser une bourse. — M. Horatio Sparkins, maman, répondit Marianne en ac- compagnant ces mots d'un pittoresque soupir. — Oui, parfaitement, c'est cela, Horatio Sparkins, dit mislress Malderton. Eh bien ! je déclare que je n'ai jamais vu personne qui eût un aspect plus distingué que ce jeune homme. L'habit admirablement bien coupé qu'il portait à la dernière réunion lui allait à ravir, et lui donnait une grande ressem- blance a v e c . . . avec — Avec le prince Albert, maman, avec le noble époux de notre reine. Il avait l'air aussi gracieux et si sentimental, dit miss Marianne avec une enthousiaste admiration. — Yous devez vous rappeler, mon cher, reprit mislress Malderton, que Thérésa a mainlenant vingt-huit ans bien sonnés, et qu'il est vraiment important que nous nous oc- cupions de fixer son sort. Miss Thérésa Malderton était une très petite personne, ronde etgrassetle, dont les joues étaient naturellement colo- rées d'un brillant vermillon, eldont le caractère était excellent et jovial. Elle était encore fille, et, à vrai dire, ce n'était pas sa faute ; car elle ni ses parents n'avaient négligé aucune des pe- tites manœuvres qui peuvent réussir à pourvoir une demoiselle d'un mari. Mais c'élait en vain que miss Thérésa oubliait, avec une naïve facilité, une dizaine d'années quand elle parlait de son âge, c'élait en vain que mislress et monsieur Malderton avaient affectueusement ouvert leur maison à tous les jeunes