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li Oh î voir de ce sommet, voir d'un côté la plaine Toute baignée encor d'une vapeur sereine, Où le long des ruisseaux on jouait tout le jour ; Voir les prés que le soir, avec les jeunes filles, Souvent vous choisissiez pour former vos quadrilles Sous un ciel étoile qui vous parlait d'amour ; Reconnaître au penchant de la verte colline L'humble toit paternel caché dans l'aubépine, Ainsi qu'un nid muet d'où la couvée a fui ; Regretter, mais en vain, cette douce demeure Où votre place est vide, où votre père pleure De voir son grand foyer solitaire aujourd'hui; Voir vos illusions, jeunes filles voilées, En vêtements flottants passer dans les allées, Blanche procession qu'on suivait autrefois, Et dont vous entendez les voix et les cantiques Vous arriver si purs et si mélancoliques, Que vous voudriez encore y mêler votre voix ; Puis à la fin ne plus regarder en arrière, Se tourner du côté d'où viendra la lumière, Vers la plaine ou le temps nous entraîne à grand pas, Sentir alors qu'un vent vous vient contre la face, Un vent mâle et plus vif qui surprend et qui glace, Venu de l'horizon que vous voyez là -bas; Ainsi qu'un océan, qu'ignore notre sonde, Trouver que cette plaine est vaste et trop profonde, Craindre que les soleils y soient pâles, changeants, Chercher aux bords du ciel nos dernières années, Les voir blanchir au loin de neige couronnées, Et ne plus croire alors aux éternels printemps -r