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10 C'est que votre être entier, femmes, est un mystère \. C'est que si vous semblez le roseau solitaire Qui tremble aux bords des lacs effleurés des zéphirs, Comme lui vous rendez pour première harmonie, Quand un vent tiède ou froid vous caresse ou vous plie, Des bruits pleins de tristesse et de vagues soupirs ; C'est que vous, jusqu'ici, vous qui n'aviez su dire Que de folles chansons à livrer au zéphire, Que des mots dont l'écho jouait quelques instants, Vous dont les pas étaient légers et pleins de grâce, Comme si cette vie était un bal qui passe, Où les heureux sont ceux qui s'y mêlent longtemps ; Vous allez tout-à -coup dire sur l'Evangile Un mot qui ne doit pas se perdre en bruit stérile, Un mot puissant que Dieu pèsera dans le ciel; Faire un pas dont l'empreinte à jamais doit paraître, Un pas comme celui que fait le jeune prôtre, Quand il avance un pied dans le cercle éternel. C'est de penser aussi que la femme abandonne A l'homme dans ce jour sa plus blanche couronne, Son âge de candeur et de limpidité, Sa ceinture qu'au ciel prendrait un ange même, Sa robe de douze ans, sa robe de baptême, Son être tout entier dans sa virginité. C'est qu'aujourd'hui vos pas gravissent une cime, Entre vos plus grands jours, remarquable et sublime, Où nul ne peut jamais monter sans réfléchir : Borne qui scinde en deux grandes parts l'existence, Elevée aux confins de notre adolescence, Où l'on s'assied pour voir ce qu'il reste à franchir.