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EXCURSION EN SUISSE. 383 ristique des moeurs et des sentiments du pays, lequel est aujourd'hui déposé dans le salon de l'hôtel de la commune de Keans : il représente les armoiries allégoriques des soixante-et-douze corporations de cette commune. Car c'est une grave erreur d'appeler République la confédération suisse. Rien n'est plus aristocratique ni plus paternel ; c'est presque une oligarchie. Parmi ces armoiries, je remarque celle du vénérable et savant curé de la paroisse, M. von Ah, où figurent trois fleurs de lys (Louis VII) d'argent, probablement legs de quelqu'un de ses ancêtres, tombé fidèlement, en août 1792, au service de la monarchie et de la nation françaises. Les armes de la commune sont représentées par trois gerbes d'or, allusion au vieux mot saxon Kern, qui signifie fruit et, par extension, grain, le pays étant renommé pour ses riches céréales. Un autre blason est celui du landamann (préfet-maire) actuel, appelé Durer, qui a pris une tour pour emblème. En effet, son nom s'explique parfaitement par ce mot, que l'on trouve dans les anciens et modernes idiomes germaniques. Mais un blason qui m'a particulièrement intéressé est celui de Me Hans Franz Roethli Weber, c'est- à -dire littéralement de M e Jean-François Roethli, tisseur. Ce blason est dans un ovale doré, fond rouge, appuyé sur deux branches de. chêne vert : de\ix étoiles d'argent sont au-dessus, deux navettes sont étendues sur un bat- tant,,et le tout repose sur une feuille de trèfle, autre sujet allégorique, que l'on rencontre sur presque toutes les au- tres armes du pays. Les métiers de soierie sont répandus autour de la cha- pelle de Saint-Nicolas ; il n'y en a pas beaucoup à Kerns, mais un plus grand nombre existent vers Sackseln et Lon- gera; on y tisse généralement des florences,pour le compte des fabriques de soieries de Zurich. La chapelle de Saint-Nicolas est isolée. Son clocher est une tour antique, appelée Heidenthurm (tour des païens), dont l'architecture moyen âge rappelle le style de presque