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368                 I-E CHATEAU D'ALBUM.

s'agrandissait, tous les jours ; non-seulement les comtes
de Graisivaudan, renfermés dans Albon, n'osaient plus
retourner dans leurs possessions primitives, mais encore
les évêques de Grenoble eux-mêmes, ces derniers cham-
pions du Christ, étaient contraints de s'enfuir.
    En 954, Isarne, évêque de Grenoble, se réfugia à Saint-
 Donat, au milieu de bois épais et peu accessibles ; le fait
 est attesté par la célèbre inscription de Saint-Donat,
 gravée sur marbre et par un texte , relatif aux Sar-
 rasins, consigné dans un cartulaire par saint Hugues, en
1094.
    Saint-Donat,qui est encore aujourd'hui fortsauvage.rap-
pelle de grands souvenirs; Isarne, du haut des collines revê-
tues de forêts, pouvait apercevoir la crête des remparts
 d'Albon, mais si le seigneur comte se tenait coi derrière ses
 murs et craignait, l'évêque voulait sauver la société chré-
 tienne et ne désespérait pas. Dès qu'il le put, en 967, il
 s'élança, purgea le plat pays et rassembla de toutes parts
 les éléments d'un nouveau peuple et d'une nouvelle no-
 blesse ; reproduisons un texte antique et vénérable:
 post destructionem paganorum         collegitnobiles, médio-
 cres et pauperes e longinquis terris, de quibus hominibus
 consolata esset gratianopolilana terra, deditque eis castra
 ad habitandum et terras ad laborandum. — Après la des-
 truction des païens        il rassembla (fit venir) de terres
 lointaines des nobles, des bourgeois et des pauvres, ces
 hommes furent la consolation de la terre grenobloise, il
 leur donna des maisons et des terres.
    Les chroniques racontent cependant que les comtes de
 Graisivaudan, réfugiés à Albon, aidèrent Isarne à chasser
 les Maures; mais ils ne quittèrent pas leur refuge. D'après
 Guy Allard, ce fut en 1107 que Guigues, vicomte de
  Graisivaudan, prit le premier le titre de comte d'Albon.