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CHRONIQUE LOCALE Heureux Palais-des-Arts! il est de toutes nos joies, de toutes nos fêtes. Qa'il ouvre ses portes à une distribution de prix, à une conférence, à un concert; que M m8 Ernst y fasse retentir les vers de l'Année terrible. que Mm° Olympe Audouard nous y révèle les mystères du sérail, ou que nos savants professeurs lyonnais nous y ouvrent des horizons no'iveaux, le public s'y précipite Le Palais-dcs-Ar!s est le cœur de la cité, ou plutôt il en est le cerveau; c'est là que l'on pense, que l'on raisonne, que l'on s'instruit; là sont les musées, là sont les cours des Facultés; c'est par le brillant Palais-du-Comrarrce que Lyon devient riche, c'est par le vaste et calme Palais-des-Arts qu'il devient artiste et savant. C'est là que naguère le Congrès pour l'avancement des sciences était réuni, là que, fuyant les régions de la science pure, certains esprits indé- pendants développaient la fameuse théorie de notre parenté avec les mandrillcs et les orangs-outangs, et que nos savants à la mode, qui trou- vent Moïse arriéré et vieilli, proclamaient que la matière est Dieu et que Darwin est son prophète. Nous disons les savants, mais pas tous. Dans cette arène il s'est trouvé par ci, par là , des hommes courageux qui ont osé défendre les croyances chrétiennes et les traditions bibliques. M. de Lubac ; dont les fouilles dans l'Ardèche Ont eu tant de retentissement et qui a enrichi de ses trouvailles notre musée, a exposé une monographie aussi complète que possible des mœurs et de l'état social des populations qui ont primitivement habite nos contrées. Elles ne connaissaient ni l'arc ni les flèches; elles étaient, dans l'échelle de la civilisation, d'un degré plus bas que les habitants de Solulré, et cependant, M. de Lubac répudie énergiquement la théorie d'^n être intermédiaire entre l'homme et l'animalité ; il proteste contre toute tendance qui voudrait rattacher l'homme des cavernes avx séries animales, et nous conduire par là au matérialisme de Darwin. D'un autre côté, M. de Hosemont, dans ses études sur les Alpes, voit partout les traces d'un déluge frappant les hautes cimes, courant du haut en bas, et occasionné par des pluies violentes et non par un débordement montant du bas en haut comme une inondation ; il retrouve partout la vérité du récit de Moïse et déclare que l'étude sérieuse de la géologie attache l'esprit aux croyances et aux enseignements des livres saints. Il est curieux d'étudier les convictions si diverses, on pourrait dire si pleines d'antagonisme qui existent entre les savants spiritualistcs de la province, et les libres penseurs de Paris et de l'Allemagne. Les deux camps sont en présence et, faute de mieux, on ne s'y ménage pas les railleries et les sarcasmes. Autrefois, on s'embrassait pour l'amour du grec : nous avons bien changé tout cela. A peine les savants partis, le Palais-des-Arts s'embellissait, se parait de massifs, de ponts, de lacs, de cascades, et ouvrait ses portes, à son tour, à la Société horticole qui faisait une splcndide exposition de* fleurs et de fruits. Mais, où la concurrence va-t-elle se nicher? y a-t-il guerre civile dans l'empire de Flore? Voilà qu'au même instant, le Cercle horticole dressait autels contre autels, et annonçait une exposition non moins belle et gratuite, au parc de la Tête d'or.° Gratuite! le mot a eu autant de retentissement que le sans dot ! de Molière, et la foule s'est empressée de visiter la magnifique exhibition. Grâce à l'impartialité du public qui a couronné les deux rivaux, nous voici à la tête de deux Sociétés d'horti- culture. Qui produira les plus belles poires? les plus beaux pétunias? Nous verrons bien l'année prochaine.