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L'ART DU RELIEUR. 245 bien que l'artiste fut obligé de déclarer et d'affirmer qu'il en était l'auteur. — J'ai vu de remarquables ouvrages reliés avec luxe de la main de M. Nivoche, entre autres, la magnifique édi- tion de Louis Perrin des œuvres délicieuses de notre bril- lant poète, Joséphin Soulary. L'art du relieur est ajouté aux diamants du noble barde et à l'impression hors ligne du typographe lyonnais. Ce sont des fers dorés exquis, gracieux ou puissamment marqués dans le chagrin rouge, avec une fantaisie et une habileté charmantes. Soulary est si digne d'inspirer tous les arts ! J'ai vu aussi l'ouvrage favori des Espagnols, VHistoire du chevaleresque Mros de Cervantes, illustré par Gustave Doré, relié par "M. Nivoche d'une façon fort distinguée, fort ori- ginale. lia été acheté par un de nos principaux bibliophiles. Mais les demi-reliures, les reliures d'amateurs propre- ment dites, sont aussi finement ouvragées, chez cet ar- tiste. Il s'en occupe avec la plus grande attention, et réalise des choses fort jolies, d une simplicité de .bon aloi et d'une ingéniosité remarquable ; il a la passion de son art. Voyez, en effet, ces livres ébarbés comme jadis, ces dos charmants qui figurent bien dans une bibliothè- que, ces fleurettes gothiques, ces coins un peu arrondis pour ne pas blesser le coup-d'œil aux angles, ces filets d'or qui courent sveltes et prononcés tout à la fois, pour relever le plat du livre. On est émerveillé en voyant ces ouvrages, en considérant la variété dans l'ornementa- tion que sait apporter M. Nivoche, comme aussi la noble sobriété dont il use, quand il le faut. Et puis, ce que cer- tains ne dédaigneront pas, c'est solidement, c'est con- sciencieusement fait. —Voulez-vous des reliures riches, vous en avez ; en désirez-vous de gentiment simples, cet artiste contentera votre goût, et, ce qui a son mérite, à des prix modérés, que l'on ne trouve pas à Paris.. Il déploie dans son travail des trésors de patience et son excellente compagne est une Lyonnaise, qui l'encourage et le seconde avec zèle, rappelant l'intelligence et le dévoûment des femmes de France, en général, et de celles de Lugdunum en particulier. Je sais que nos bibliophiles les plus connaisseurs font un très-grand cas des travaux de M. Nivoche, et savent leur rendre hommage. Il était de toute justice d'indiquer le nom de cet habile artiste à ceux qui ne le connaissent pas, et d'en parler aussi à nos bons Lyonnais, dont il a partag-é les labeurs. ^ Adèle SOTJCHIEB.