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CONSTANCE DAYHER. 229 le sujet manque des qualités auxquelles vous devez tenir chez vo- tre épouse? Songez-y; Constance, mariée, voudra faire la dame. Elle s'installera à un bureau5 je le veux bien. Son étonnante instruction pourrait faire merveille pour vos comptes et votre correspondance; mais elle préférera les futilités de la librairie à la mode; sa mise étonnera vos'vendeurs, sonjjdédain pour leur rusticité les offensera. Qui fera votre cuisine ? Qui allaitera vos enfants? Enfin qui soignera votre mère bientôt impotente? Il y a sur ce dernier point un devoir pour vous et vous n'avez pas coutume de les éluder. Vous devez à votre mère, abandonnée d'Ursule, une fille aussi douce, aussi habile aux soins du mé- nage, aussi dévouée. En voilà assez, mon cher enfant, pour motiver et emporter votre détermination. Vous reconnaîtrez que la démarche dont vous me parlez est déplacée, frappée d'avance de stérilité, que que vous ne pouvez même en souhaiter le succès, si, au lieu d'écouter une passion dont le temps et les événements vous fe- ront triompher, vous prêtez l'oreille à la raison et au devoir. J'ai longuement prié Dieu pour avoir la force d'écrire cette lettre, presque aussi pénible à mon eœur qu'au vôtre. Je vais le prier à présent de vous envoyer son esprit de conseil. Croyez, mon cher Mathieu, à l'entier dévoûment de votre pasteur. BALMÈRE, prêtre. LETTRE XX. De Mathieu à Mad. Servolet. Tclégrame n° 2321. Gare de Villefranche-s.-S. Du 20 février^ \0 h. 35 m. — Tous mes bateaux à bon port. Retour direct cette nuit. Remercie M, le curé. SERVOLET.