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226 CONSTANCE DAYMER. qu'une idole, c'est ma petite reine de carnaval, à qui je ferai un empire pour tout de'bon. Voyez donc, d'ici, l'effet que vous fe- rez, entre quatre glaces, reproduisant au centuple, comme à la photographie, vos traits délicieux 1 Tous les messieurs de la soierie de Lyon viendront examiner nos articles, pour juger la chaîne de vos cils et le velours de votre regard ; toutes les da- mes acheter nos coiffures pour bisquer de la blancheur de votre cou; et le ruissellement de vos cheveux naturels, sur celle courbe d'ivoire, sera une merveilleuse réclame à notre établissement 1 Vous croyez, ma reine idéale, que c'est là un rêve. Non. On peut tout créer avec certaines forces : l'expérience, l'argent, la beauté. J'ai les deux premières choses, vous avez le dernier don, qui vaut plus encore. Mais, dans votre situation, on peut tout détruire d'un mot, d'un refus, Oh! nonl Par Louise Marariel, par vous-même, je connais le fier et chaste roman de votre cœur vide. Vous avez tovirné le dos à une condition assurée et prospère pour chercher une vie plus intelligente, plus digne de votre esprit distingué, de votre beauté supérieure. C'était votre destinée et vous l'avez trouvée. J'en serai, moi, l'humble ministre. J'attends à vos pieds votre arrêt. Isidore LOLUER. LETTRE XVIII. De Constance Daymer à Isidore Lollier. Lyon, 30 janvier 1866. Monsieur, Je n'ai pas comme vous le loisir d'écrire et je ne saurais en- treprendre de lutter avec vous pour le style. L'ouvrage m'ab- sorbe ; mon travail du matin fini, je vais tous les deux jours rue des Célestins, entre midi et une heure , pour échanger les livres de madame à la bibliothèque. • Voire servante .- CONSTANCE. I