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DU SURNATUREL. 61 en déclarant qu'il n'a point voulu toucher à la signification que la théologie attribue au mot surnaturel, et que, par là , il a eu tout simplement l'intention de désigner les phénomènes natu- rels dont les causes ne sont ni connues ni présumées. Sans doute, il faut savoir gré à l'homme de désavouer une erreur. Mais, nous nous permettrons ici de faire observer que si l'au- teur du discours, en écrivant sa note, a cru donner satisfaction aux auditeurs dont il avait froissé les croyances, il a manqué son but ; car, en cherchant à expliquer, comme il l'a fait, sa proposition, il n'a ni sauvegardé sa propre opinion, ni rassuré celle des autres. En effet, après avoir parlé (l'ignorance, de superstition reli- gieuse, après avoir dit. que le supematuralisme est la croyance à des êtres ou à des forces qui ne sont pas : de ce monde, com- ment l'auteur du discours serait-il recevable à venir affirmer qu'il n'a eu l'intention, par le mot surnaturel, que de désigner les phénomènes naturels dont les causes ne sont ni connues ni présumées? Si ce sont des causes étrangères à la nature qui pro- duisent tel phénomène, comment ce phénomène peut-il être na- turel ? Et d'autre part, si tel phénomène est le résultat de causes naturelles bien que ces causes aient été jusque là ignorées de l'expérience, de quel droit Pappellerez-vous surnaturel ? On n'a pas voulu, dit-on, faire de la théologie, nous consentons à le croire. Mais, alors, pourquoi, dans la notion qu'on a donnée du surnaturalisme, avoir introduit la condition de causalité que la théologie attribue justement au surnaturel, savoir : l'in- tervention d'êtres ou de forces étrangers à ce monde? L'auteur du discours, qui fait ici repousser le surnaturel par la science, avait dit, quelques pages avant, en parlant du ma- térialisme, que la science, loin d'y conduire, était au contraire en voie d'en détruire la doctrine. Assurément, l'auteur du dis- cours, en attribuant à la science des effets si opposés, ne s'est pas aperçu de l'affinité qu'il y a entre la question du matéria- lisme et celle du surnaturel, vis à vis de la science. Si la science positive ne peut rien contre l'âme, elle ne peut rien, par là même, contre le surnaturel, parce que le surnaturel aussi bien