page suivante »
•f 38 HÔPITAL DE LA QUARANTAINE. panser les plaies des pestiférés ; on peut juger des dangers qu'il courait dans ces fonctions par l'énormité de ses gaiges, puisque, d'après le même compte, « M. Daniel Au- dibert, médecin de ceste ville, doit avoir 60 livres pour ses gaiges, de l'année 1632. » Ce chirurgien, après avoir rendu de grands services, succomba au fléau. Depuis un an on ne parlait plus de la peste, lorsque, dans l'assemblée du dimanche 21 septembre 1631, les échevins déclarent, par la voix du sieur Cartier l'un d'eux : « Comme, depuis quatre jours en ça, le mal contagieux s'est répandu en ceste ville avec tels progrès, qu'il y a déjà quelque douze maisons et familles affligées que l'on a esté contrainct défaire sortir de la ville ; et, pour estre la plus part pauvres et sans aulcun moyen de se pouvoir faire as- sister de remèdes et médicaments, de les faire mettre et establir dans l'hospital des pestiférés où il leur a fallu pourvoir de nourriture et de remèdes ; et en même temps établir des gardes et corbeaux pour ensépulturer les morts et rendre les autres assistances nécessaires en semblable affliction. En doultant que l'on sache quand il plaira à Dieu de retirer ce fléau de devers nous, qui semble com- mencer avec violence et donne de l'appréhension pour l'a- venir, et que l'on entre dans les moyens de assister les affligés et pourvoir à retrancher le mal selon les remèdes humains, sans que la ville se constitue en de grands frais et dépenses auxquels elle n'a maintenant moyen de four- nir pour estre pauvre, ainsy que sait trop mieux; déjà grandement engagée pour les dépenses précédentes faictes en semblables occasions ; et, pour ce, avancé de huit à djix mille livres pour les états de nourriture et ,passage des gens de guerre. En conséquence, l'assemblée est d'avis qoe, comme il n'est pas raisonnable d'abandonner les pauvres de la ville en ses afflictions ; que chascun des habitants d'icelle est