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•406 ÉTUDE SUR LA DÉDICACE devant, pour sa solidité, dépasser la lame, et cette prolon- gation exagérée ayant passé en usage dans sa représen- tation sur les monuments funèhres, il était facile en mo- difiant la forme de la lame et en lui donnant moins d'im- portance d'arriver à ce que l'ensemble de cette représen- tation eût une certaine analogie avec la figure toute con- ventionnelle d'une croix, de sorte que l'expression sub asciâ dedicavit pouvait s'entendre intérieurement par sub cruce dedicavit. On voit même des inscriptions évidemment chrétien- nes avec l'invocation ou dédicace Diis manibus en toutes lettres, tant était grande la force de l'habitude ou la crainte des profanations. Quant aux monuments chré- tiens marqués des lettres D M et qui sont bien plus nom- breux, on peut y voir Divis manibus ou Deo maximo, ce qui s'accorderait assez bien avec les idées chrétiennes. Du reste, l'usag'e de cette invocation aux dieux mânes s'est perpétué jusqu'à nous ; nos poètes s'en servent en- core, le musée de Lyon possède la pierre tombale d'un lieutenant de Lesdiguières commençant par ces mots : PUS MANIBVS. Nos cimetières actuels en offrent plus d'un exemple. A ceux qui pourraient s'étonner de cette précaution prise par les premiers chrétiens, nous dirons que la figure de la croix à laquelle fut attaché le Christ ne pouvait pa- raître alors sur les monuments exposés au public, parce que la vue de cet instrument d'un supplice réservé pour les esclaves et les grands criminels inspirait à tous un mépris et une répugnance invincibles. Cène fut que deux siècles après l'abolition de ce supplice par Constantin que l'on put placer la figure de la croix sur des monu- ments; presque tous les peuples de l'Europe étant alors