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BIBLIOGRAPHIE. 309 et d'autres accoururent aussi sans être appelés, et sans prévoir qu'ils dussent l'être ; nous ne lui en ferons donc pas un mérite exclusif. Mais ce qui lui est propre, ce qui peint bien cette âme d'élite, c'est cette inaltérable satisfaction du devoir accom- pli, qui, plus efficace que les prédications les plus zélées ou les commandements des chefs, sut faire de Paul Sauzet,pour tous les soldats de sa compagnie, un encouragement per- manent, un exemple, un modèle jusqu'au jour où la mort vint le surprendre au champ de bataille de Champigny. Le témoignage de ses camarades et de ses supérieurs, ses lettres que l'on a pu recueillir, permettent de le suivre dans toutes les phases de cette courte et douloureuse campagne. Ses souffrances physiques, ses épreuves morales sont retracées par M. Léon Roux d'une manière saisissante et avec les plus humbles et les plus touchants détails. « Notre récit n'en saurait être abaissé, dit-il, puisqu'il doit faire toucher du doigt l'abnégation, le sacrifice sous toutes les formes, dans les grandes comme dans les petites choses de la vie. » On est encore navré au souvenir de ces rudes épreuves, de ces privations de repos et de nourriture, de ces nuits glacées , de ces tourments multiples auxquels étaient exposés nos malheureux soldats, mais avec quelle admira- tion nous voyons notre jeune compatriote ranimer le cou- rage et les forces de ses camarades par l'inébranlable énergie de sa patience ! « Je suis fait maintenant,— écrivait-il le 19 novembre — aux misères de la vie de soldat, et je suis bien avec tout le monde, non par faveur, mais par l'accomplissement strict et rigoureux de tout ordre et de toute consigne. » « . . . . . Je m'applaudis d'avoir, dès les premiers jours, nettement défini mes intentions : pas de grade, absolument pas de grade. Le capitaine voulut me faire passer sergent d'un seulcoup, ou sergent-fourrier. Je ne l'aipas voulu. Rien n'a été fait pour qu'une nomination intempestive me tombe. •