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274               LES CHASSEURS DE RENNES.

    Enfin, un jour, il consentit à m'écouter. Pour la pre-
 mière fois, nous descendîmes au jardin. On me permit
 d'allumer un cigare, et je racontai à mon vieil ami tout
 ce que je viens d'écrire.
    — Eh bien! me dit-il quand j'eus fini, vous avez eu
 plus de chance que moi, et maintenant que vous voilà
 fort et solide comme le Pont-Neuf, vous me permettrez
 bien de vous féliciter sur la puissance d'imagination de
votre cerveau.
   — Comment cela, docteur ?
   — Eh oui ! vous avez rêvé pour deux ! De notre expé-
rience d'hypnothisation, il n'est résulté pour moi qu'un
horrible mal de tête, et quand, au bout de deux heures,
je m'éveillai, vous aviez disparu, Je sais maintenant que
vous n'avez pas perdu votre temps, mais vous pouvez
croire que nous fumes terriblement inquiets pendant
deux jours que dura votre absence. Et sans un brave v i -
gneron qui vous découvrit un beau matin couché dans
son champ au milieu des épines, vous auriez bien pu
aller rejoindre I-ka-eh et son estimable père dans quelque
province de la lune.

                          XLIII

   Ici, cher et illustre ami, se termine mon récit.
  Des fouilles que j ' a i fait opérer il y a quelques jours
sur le petit mamelon du Mont-de-Pouilly ont mis au jour
une tombe et un squelette. La fragilité des os, la délica-
tesse des formes ne peuvent laisser, paraît-il, aucun doute
sur son identité. C'est le squelette d'une femme. La tête,
qui accuse dans toute sa pureté le type celtique, porte
une large fracture au crâne, et toute la face est écrasée et
brisée.