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LES CHASSEURS DE RENNES. 2*i'J événements, la pensée de mon vieil et infidèle ami, l'irri- tation produite par son appel à la raison, le souvenir des jours écoulés, l'inexplicable mystère de ma situation, et enfin mon affection toujours croissante pour la fille du chef, pour ma fiancée I - k a - e h , se confondaient dans mon esprit et s'y agitaient tumultueusement comme dans un cauchemar fiévreux. Ajoutez à cela la fatigue et l'épuisement physique où j'étais réduit, et vous pourrez comprendre, qu'impuissant à prendre une résolution éner- gique, j'étais bon tout au plus à m'abandonner au cours des événements qui me débordaient. Si par hasard, fer- mant les yeux, je voulais chercher quelque repos dans le sommeil, des hallucinations horribles s'emparaient de moi, et je m'éveillais en proie à des tremblements et à des sueurs froides qui mettaient le comble à mon désordre. Parfois, je me surprenais à désirer la mort, et l'assaut dont nous étions menacés se présentait a mon esprit comme une délivrance prochaine. J'évitais de passer sur le bord du Rocher, dans la crainte de me précipiter en bas malgré moi. Depuis un instant, je subissais la fas- cination attractive du vide, et j'étais pris de vertige cha- que fois que je portais mes yeux vers le fond de la vallée. La nuit vint enfin, et mes angoisses redoublèrent. Quel- que chose s'était emparé de moi et me maîtrisait. Je ne dirigeais plus à mort gré mon corps ni ma pensée. Tous mes nerfs frémissaient. Etait-ce l'effet de la faim, de la fièvre ou d'une alimentation empestée ? Je craignais que ce ne fut la folie. C'est dans ces dispositions d'esprit qu'il me fallut prendre les dernières dispositions en vue de l'assaut qui se préparait. Je courus au rempart pour disposer mes hommes au combat. Us dormaient et j'étais obligé de les