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LES f j n s s F . f R S Pi-; BLINDES. 281 dos assaillants allait grossissant, et qu'il m'était difficile de me rendre compte des incidents de la lutte dans une nuit aussi profonde, je jugeai qu'il était temps d'interve- nir. Il me restait six balles et dix charges de plomb. C'était peu, mais comptant bien plus sur la surprise que .sur l'effet réel de mes coups, je fis feu dans le tas d'un peu loin, de façon à couvrir de gros plombs un large es- pace et à faire le plus grand nombre possible de blessés. Ce que j'avais prévu arriva. La flamme et la détona- tion jetèrent l'inquiétude dans la bande, et les blessés y mirent le désordre. Mes hommes, encouragés, redoublè- rent d'efforts, et en peu de temps la place fut déblayée. L'ennemi se replia tumultueusement sur les pentes par où il était venu, et nous accompagnâmes sa retraite d'une grêle de pierres qui acheva sa confusion. L'aube, retardée par la pluie, vint enfin nous ramener le jour. Les Cheveux-Pâles avaient disparu; cinq des leurs gisaient au pied des rochers, horriblement mutilés par nos projectiles anguleux et pesants. Nos pertes se bornaient à un homme tué d'un coup de casse-tête qui lui avait fendu le crâne, et une dizaine de blessés. XXXV Il était impossible, vu le petit nombre de combattants dont nous disposions, trois ou quatre cents hommes au plus,' de diviser nos forces et de songer de défendre à la fois le village et le Rocher. L'un ou l'autre devait être sacrifié. Mais comme le Rocher nous offrait une ex- cellente citadelle naturelle, je résolus d'y concentrer toutes nos ressources et d'abandonner le village. De leur côte, les (.'neveux-Pâles devaient se disposer â prendre une revanche de leur premier insuccès. Mous