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222 SIDOINE APOLLINAIRE. chanter l'avènement de son beau-père au trône des Césars, il fut applaudi par le Sénat entier, qui ne crut pas trop récompenser tant d'éloquence en lui faisant élever une statue d'airain sur le forum de Trajan. Le jeune poète, ainsi couronné par la reine du monde, avait à peine vingt- cinq ans. Toutefois, cette brillante fortune fut de courte durée ; une révolte militaire précipita du trône Avitus ; la Gaule s'émut à cette nouvelle et courut aux armes. Sidoine se jeta dans Lyon au centre du mouvement. Il soutint un siège dans cette ville, qui fut à demi ruinée, et renouvela le rôle héroïque de Vercingétorix ; vaincu comme lui, il fut plus heureux dans sa défaite ; il obtint grâce et en fut quitte au prix d'un pompeux panégyri- que, où, pour célébrer l'avènement du nouvel empereur, il évoque tous les Dieux surannés de la Fable. La louange produsit l'effet qu'en attendait le poète; l'empereur Majorien retira la garnison qu'il avait établie à Lyon, affranchit la ville des contributions de guerre, lui rendit ses anciens privilèges et la fit mettre en l'état où elle était avant les différentes invasions des barbares. Sidoine, lui, fut élevé à la dignité de comte et exerça quelque temps des emplois à la cour de Majorien et accom- pagna ce prince dans un voyage qu'il fit à Arles, en 459. Accusé d'avoir composé contre les principaux dignitaires de l'État une satire remplie de traits mordants, il se jus- tifia en improvisant, au milieu d'un souper où l'avait convié l'empereur, un distique fameux contre son déla- teur. Peut-être n'est-il pas hors de propos de rappeler ici le portrait qu'il trace des Francs et de le rapprocher de celui de leurs barbares vainqueurs les Wisigoths : « Dès leurs tendres années, ils sont, dit-il, passionnés « pour les combats. Si le nombre de leurs ennemis ou le