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                     CLOTILDE DE SURVILLE.                 219

  les orages qui dévastaient la France. Retirée, solitaire,
  peu curieuse du bruit et des fêtes, elle consola son veu-
 Vage par l'éducation de ses enfants et par la culture de la
  poésie.
     Elle mourut honorée à plus de quatre-vingl^dix ans.
     Les esprits futiles ne concevront pas qu'avec une
  gloire éclatante en portefeuille, elle ait consenti à rester
  humble et obscure. Les grandes âmes le comprendront.
     Combien de génies et du premier ordre qui, par naïveté
  du cœur, délicatesse, humilité, ont préféré le silence à la
  célébrité? Combien d'architectes ont élevé de splendides
  cathédrales sans les signer de leur nom, combien de toiles
 dont on ne connaît pas les peintres, combien de livres,
 sans compter celui Y Imitation dont l'auteur est resté
 inconnu?
    M. Macé a étudié le style et la manière de Clotilde; il ad-
 mire, et il fait ressortir la grâce exquise, le sentiment pro-
 fond, le faire original et inimitable de la femme poète,
 épouse et mère.
    Il prend ensuite et suit pas à pas le marquis de Surville
 en France, en Amérique, etpendant l'émigration; il trouve
un écrivain aimable et faisant des vers qui ne sortent pas de
la ligne moyenne, mais ayant un enthousiasme vrai, un
amour profond pour les poésies qu'il avait découvertes
dans les archives du château de Vallon et qui venaient de
sa famille. Le marquis était allé comme volontaire servir
la liberté en Amérique avec Lafayette et Rochambeau ; il
avait écrit des stances, des hymnes, des odes. A son retour,
vers 1785, il se reposait dans le château de sa famille lors-
qu'il trouva ces vieilles écritures qu'il essaya de déchiffrer.
Il se fit aider dans ce travail difficile par un feudiste dont
on a le témoignage. A cette époque, son frère l'abbé de
Surville et M. de Fournas, ancien officier de son régiment,