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                     CIAUDIUS SOULARY.                   209

 Je suis ainsi placé entre deux écueils. Toutefois, je ne
 serai pas arrêté par une pusillanimité que réprouve
mon cœur, et que repousse mon caractère; je sais aussi
que la meilleure manière d'honorer la mémoire de l'ar-
tiste est d'en parler avec sincérité. La divergence d'opi-
 nion qui se produit sur l'œuvre de Soulary est peut-être-
plus apparente que réelle, car je n'entends en aucune fa-
çon faire l'éloge de nombreuses toiles, peintes durant sa
vieillesse et dans lesquelles on aperçoit à peine quelques
reflets de son ancien talent. Je ne veux parler que de ses
meilleures productions. De celles-ci encore, je suis loin
de prétendre qu'elles soient sans défaut (quelle est l'œu-
vre d'art qui n'en a pas) mais ces défauts sont rachetés
par d'éminentes qualités, qualités il est vrai plus appré-
ciées des artistes que du public, mais qui réalisent, en
grande partie, les espérances que ses maîtres et ses con-
disciples avaient fondées sur lui.
   M. Soulary donc était plus coloriste que dessinateur,
mais il était surtout peintre dans la véritable acception
du mot. Il avait une exécution large, facile et une puis-
sance de modelé remarquable. Son coloris est vigoureux,
intense, plutôt que resplendissant; il aimait les notes bas-
ses plutôt que les notes élevées, les tons sourds de pré-
férence aux tons clairs.
   Ces qualités ne se trouvent pas seulement dans les t a -
bleaux que je citais tout à l'heure, elles se font remar-
quer dans d'autres toiles qu'il m'a été donné de voir à
Lyon chez des particuliers et à Saint-Etienne même,
principalement dans son portrait ; on les retrouve par-
fois dans ses Å“uvres les moins parfaites. Nous sommes
heureux de posséder à l'école quelques académies peintes
dans l'atelier de Gros, et qui, à ces mêmes qualités, j o i -
gnant une forme plus serrée, en font des modèles p r é -
 cieux.                                             14