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206                  CLAODIUS SOCLARY.

 celles dont Soulary aimait à se souvenir. Grâce à ses
 brillantes dispositions, à sa nature ouverte, enjouée, il
 avait su se concilier l'estime et l'amitié de son maître ;
 ses progrès furent rapides, mais il était déjà mêlé à la
jeunesse des écoles, on s'enthousiasmait pour Gros, le
peintre hardi des Pestiférés de Jaffa. Soulary s'étant lié
 avec plusieurs élèves de ce maître, ceux-ci vainquirent
sa résistance et l'entraînèrent à leur suite. Girodet
témoigna une peine réelle de cet éloignement, et notre
ami m'en a lui-même plus d'une fois depuis exprimé son
repentir.
   Il eut vite acquis chez Gros l'ascendant que lui méri-
taient ses rares dispositions pour la peinture. Le nouveau
maître et les condisciples, dont plusieurs sont devenus
des hommes illustres, partageaient cet espoir en l'avenir
du jeune artiste. Paul Delaroche, Géricault, Court,
Charlet, Bellangé, Montvoisin, etc., ses nouveaux amis,
lui reconnaissaient une organisation de peintre ; ses
études d'académies prenaient rang parmi les meilleures
de l'atelier.
   Il me souvient d'une lettre de Gros adressée à M. Sou-
lary père, dans laquelle il était dit que personne ne pour-.
rait disputer à l'élève lyonnais le prix de Rome s'il
voulait travailler et concourir, mais dans cetce lettre il
se plaignait déjà d'un manque regrettable d'assiduité.
C'est qu'en effet, la tête ardente et la position de fortune
de Claudius Soulary le portaient aux plaisirs qui ne laissent
après eux que lassitude et dégoût, lorsqu'ils ne dépravent
pas l'intelligence et le cœur. Heureusement pour notre
ami, sa belle âme sut le retenir à temps sur cette pente
fatale. Que de fois ne lui avons-nous pas entendu exhaler
avec amertume les regrets de ce temps perdu pour les
fortes études. Son père qu'il aimait beaucoup eût pu