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LES CHASSEURS DE Rfe-MES. 419 Mon savant ami branla la tête et ne répondit rien. Le repas terminé, nous nous couchâmes dans de moel- leuses peaux de renne, et nous nous endormîmes, jouis- sant du bien-être physique et moral le plus complet. XXI Au milieu de la nuit, je fus éveillé par une sensation étrange, indéfinissable. Ma respiration était courte, hale- tante, pénible. J'avais la tête brûlante, les yeux endolo- ris, le sang me battait dans les tempes et dans les oreilles. — La viande de renne est d'une digestion pénible, pensai-je. Cependant le malaise et la souffrance augmentaient. Ma poitrine se soulevait à peine et ses mouvements deve- naient de plus en plus difficiles, comme paralysés sous l'étreinte d'un serpent qui m'aurait enlacé en resserrant lentement ses nœuds. J'étouffais.... Je voulus crier, je ne pus pas. J'avais la gorge prise dans un étaa. Quelque chose m'écrasait. J'étendis les bras pour re- pousser l'obstacle ; mes mains rencontrèrent une masse velue. Etait-ce un homme? était-ce une bêtê? Saisissant mon couteau, que je déposais toujours à por- tée de ma main en m'endormant, j'en frappai un grand coup au-dessus de moi et je sentis la lame pénétrer pro- fondément je ne sais où. L'étreinte cessa, et je vis, à la lueur du foyer presque éteint, une silhouette sombre rouler à terre, puis bondir et disparaître parla porte. Je n'avais, grâce à Dieu, au- cun mal, mais je ne pus me rendormir , en proie à une agitation extraordinaire. Que s'était-il passé?