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DE L'ÉGLISE DE SAINTE-ANNE A ROANNE. 409 architecturale cette section carrée des piliers de notre église, d'un aspect particulièrement lourd à la croisée des nefs. Là , en effet, deux des faces de ce rectangle, ne s'ar- rêtant plus à la hauteur des chapiteaux d'archivoltes, res- tent apparentes depuis le sol jusqu'aux grandes voûtes sans qu'aucun bandeau les interrompe, et l'angle droit formé par leur intersection, couronné par une corniche insignifiante, reçoit à la naissanee des voûtes les arcs ogives qu'il est censé devoir supporter ; artifice qui offre à l'œil tous les inconvénients d'un porte-à -faux, et qu'on eût évité peut-être par la pénétration, au sommier, des arcs ogives et des arcs doubleaux. — Sans aller enfin jusqu'à ce système de la fin du xui e , qui comporte, pour la section des piles, la projection réunie en faisceau des différents profils des arcs des voûtes, je trouve que cette forme carrée des piliers rappelle surtout le roman de transition, notamment les méthodes d'Autun et de Veze- lay (1), et s'éloigne trop des traditions de la grosse co- lonne cylindrique centrale du style ogival primitif, qui est celui de Sainte-Anne. Toute l'ossature en pierre calcaire jaune tendre de no- tre édifice offre d'ailleurs un aspect incontestable de solidité et surtout d'élégance, qui eût gagné à n'être pas affadi par un badigeon, convenable peut-être pour har- moniser l'ensemble, mais certainement regrettable quand on l'emploie, par exemple, pour figurer un faux appareil régulier des pied-droits des ouvertures. Le plan complet comporte un clocher de façade com- posé d'une tour carrée, percé de deux baies sur chaque (1) Vezelay, église abbatiale bourguignonne de l'ordre de Cluny sous le vocable de Sainte-Madeleine. Nef de la fin du xi% chœur du xn' siècle.