page suivante »
POÉSIE. 87
Devines-tu notre air, si parfumé, si pur,
Souffle qui fait glisser tant de barques joyeuses?
Aperçois-tu, dis-moi, le superbe palais
Dont tu serais l'unique et grande souveraine ?
— Non ! non ! je ne vois rien ! et je n'ai vu jamais,
Prince, que votre amour !
— Ma généreuse Hélène,
Un mot, encore un mot, au nom de cet amour
Qui peut seul t'attendrir ! fais-moi le sacrifice
De ta foi !...
— Mon ami, jusqu'à mon dernier jour,
Je souffrirai pour vous !... Ah ! que Dieu le bénisse,
Ce tendre sentiment que je ne puis nier !
Il me prend tout le cœur, et j'en mourrai sans doute l
Mais je reste chréiienne ! Adieu, cher prisonnier !...
*
— Adieu, mon doux amour!... Que Mahomet m'écoute! .
— Non! non ! que Dieu m'entende !..
Et le prince partit,
Se retournant, hélas ! pour jeter, — tendre gage ! —
Un baiser, — le. premier ! — Ce baiser retentit,
Au fond d'un noble cœur broyé dès son bel âge.
V.
Sous le balcon passaient,— contraste douloureux ! ~ -
Un gars bien résolu, puis une jeune fille,
Eglantine des bois, rougissante et gentille,
Causant, causant tout bas avec son amoureux.
Lui, répétait tout haut : —: Allons, cette semaine,
Nous serons donc unis, ma brune et belle enfant!
Ce cri de fiancé s'élança vers Hélène,
Impitoyable et vrai, cruel et triomphant !
— Sah-tu bien, moa trésor, chère petite Jeanne,
Que, pour toi, j'ai quitté le bon Dieu de chez nousl