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                          POÉSIE.                            §5

 — Arrête, musulman ! arrête, tu blasphèmes !
 Ma beauté, je la tiens de ma mère et de Dieu,
Et l'Eternel pourrait lancer des anathèmes !...
Si tu parlais ainsi je te dirais adieu!
Le roi du ciel, vois-tu, n'a point nos petitesses,
Lui ! jaloux !... Allons donc ! Lui ! jaloux d'un roseau !
Mon Dieu ne connaît pas nos humaines faiblesses ;
Je suis entre ses mains comme un timide oiseau.

— Pardonne-moi, chère âme!... Ah! tu sais que j'ignore
Ce qu'Allah te révèle, et la pure clarté,
Dont tu me parles tant, la radieuse aurore,
C'est toi ! va, c'est toi seule, ô ma blanche beauté !
— Eh bien donc, à genoux, au sein de mon Eglise,
Soyez chrétien, Zizim, et prouvez votre amour,
Soyez chrétien !
               • Hélas ! mon cœur te divinise,
               —
Tu m'apparais souvent plus belle que le jour,
Avec ton long regard, avec ton frais sourire !
Je me plonge, éperdu, dans ce rêve charmant,
Céleste vision qui m'enivre et m'attire !
Où trouverais-tu donc un plus fidèle amant ?

    Dans le paradis du prophète,
    Fut-il jamais semblable fête
    A celle promise à mon cœur ?
    Si l'amour était le vainqueur,
    Si tu consentais à me suivre,
    Pour toi seule je voudrais vivre !

   Ah ! je sais comprendre l'amour ;
   Que vas-tu donner en retour
   De l'inaltérable tendresse
   Que te conserve ma jeunesse?..
   Jamais je n'aimerai que toi,
   Tu peux bien compter sur ma foi !