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                     LE CHAMP DES ESQUEVILLES.                          75

 Cependant les souvenirs de ce triste état de choses se con-
 servèrent longtemps au sein de cette localité ; car dans
 la nomenclature des quartiers de Rome par Sextus Rufus,
 contemporain duive siècle,nous rencontrons vicum et Mai-
 culam Palloris, la rue et la chapelle de la Pâleur, ap-
 pellations qui indiquent un triste voisinage. Pompeius
 Festus, écrivain du ve siècle, dit qu'à son époque on enter-
 rait encore dans les puticuli, et que le champ des morts
 occupait un espace en dehors de la porte Esculine, une de
 celles des remparts de Servius Tullius, qu'un sentiment
religieux faisait regarder comme sacrés. Plus tard, la ville
prenant d'autres limites, ce champ des morts fut transporté
dans la même région, mais en dehors de la porte Tiburtina,
aujourd'hui Saint-Laurent, et le cimetière près de l'église
de ce nom, doit être le successeur de l'ancien Campus
Esquilinus. L'enceinte actuelle, à laquelle appartient cette
porte, fournit àl'arehéologue et à l'artiste une multitude de
souvenirs etde sujets de dessins pittoresques, une disserta-
tion qui nécessiterait une certaine longueur, me permettrait
seule de préciser la date de cette antique entrée de Rome.
   Le mot équevilles s'employait autrefois chez nous pour
désigner les ordures provenant surtout du balayage, et sa
haute antiquité lui donnait vraiment une certaine noblesse ;
mais celui qui se permettrait cette expression dans un cer-
cle composé des notabilités du régime déchu, l'aristocratie
du progrès, serait regardé comme un homme sans éduca-
tion. Il n'aurait pas la chance [\ ) de conquérir la moindre

   (1) On a une heureuse ou une mauvaise chance ; mais cette expression
sans epithète n'a pas de signification. Cependant, avoir de la chance est
une manière de parler adoptc'e par le ci-devant beau monde, lequel brille
par l'ignorance et la vanité. Espérons que les événements actuels seront
une leçon, et qu'on imitera un peu moins ce vandale nommé Paris, qui
vient de mettre à bas un des plus beaux monuments de ce siècle, la colonne
de la place Vendôme.