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L ORATOIRE DE JOAGHIM DE MAYOL PRIEUR ET SEIGNEUR DE VINDELLE. Les profondes vallées ont toujours été comme des vases purs et consacrés, destinés à protéger et a perpétuer les vieux souvenirs, les vieilles mœurs, les vieilles croyances, a préserver de tout contact les naïves el simples popula- tions que les villes, au contraire, semblent avoir pour mission d'énerver et de démoraliser. Ces deux points extrêmes ont leurs fanatiques et leurs preneurs. La jeunesse admire les merveilles des grandes cités, les rues bruyantes, les places magnifiques, les palais, les théâtres, les concerts, une activité que rien ne rebute, un amour du plaisir que rien n'arrête, un scepticisme que rien n'émeut. A mesure qu'on avance dans la vie, que la raison se forme, que les illusions tombent, on préfère le calme des champs, le silence du hameau, la silhouette finement découpée des montagnes, l'aspect des vastes prairies, le son de la cloche ouvrant ou terminant la journée et la causerie de quelques vieux amis dont les calmes récits ont le privilège d'éveiller tout un monde de jeunesse, d'enfance, de famille ou de compagnons chers au cœur. Autour de Lyon, nous trouvons qu'il est doux de parcourir ces montagnes bleuâtres qui se dressent au couchant, ou ces chaînes plus rudes, et plus austères qui percent les nuages vers le Midi. La, les populations sont graves, sans avoir renoncé à la raillerie gauloise, fières, économes, tra- vailleuses. L'industrie y est vivace sans porter atteinte aux