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60               ÉTUDE SUR LE l'ATOIS LYONNAIS.

l'artison te dévore, et que ton maître te prenne en horreur !
Mais elle, avec un tremblement qu'elle ne peut arrêter :
         — Me siéu pas, dis, facho mau, neni !

   Je ne me suis pas, dit-elle, fait de mal, nenni ! Mais,
telle qu'un enfant dans ses langes qui parfois pleure et ne
sait pourquoi, j'ai quelque chose, dit-elle, qui me tour-
mente ; cela m'ôte le voir et l'ouïr, ; mon cœur en bout,
mon front en rêve, et le sang de mon corps ne peut rester
calme.
   — « Peut-être, dit le vannier, est-ce la peur que votre
mère ne vous gronde pour avoir mis trop de temps à la
feuille ? comme moi, quand je m'en venais à heure indue,
déchiré, barbouillé comme un Maure, pour être aller cher-
cher des mûres

         Oh! noun, digue Mireio, autro peno me Un.

   Ou peut-être un coup de soleil, fit Vincent, vous aura
enivrée? Je sais, dit-il, une vieille, dans les montagnes des
Baux (on l'appelle Tavèn) elle vous applique, bien sur le
front, un verre plein d'eau, et promptement, de la cervelle
ivre, les rayons charmés jaillissent dans le cristal. »

          Noun, noun, respondé la Craenco ;
          Les escandihado maienco
     N'es pa in chato de Crau que podon fairepôu !
          Mai en que sér de te deçaupre?
          Dins mou sen acô pou plus caupre.
          Vincen, Vincen, vosti lou saupre?
     De tu siéu amouroso !....

  Non! non! répondit la fille de Crau, les échappées du
soleil de mai, ce n'est pas aux filles de Crau qu'elles peu-
vent faire peur! mais à quoi bon t'abuser? Mon sein ne
peut plus le contenir ! Vincent ! Vincent! veux-tu le sa-
veir? Je suis amoureuse de toi!