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'Mi               LES CHASSEURS DE RENNES.

     Mais alors tu es de mon pays ; moi aussi, j'ai un cou-
 teau fabriqué avec cette pierre-là ; le couteau dont se
  servait mon père.
     — Allons, bon ! le sabre de son père, murmurai-je ;
  mais elle ne comprit heureusement pas ce qu'il y avait
  d'irrévérencieux dans ce propos, et, s'adressant à Patte-
  de-Tigre, qui s'était rapproché en grondant :
     — Va-t'en, hyène puante, lui dit-elle, et ne reviens
  pas que je n'aie besoin de toi.
     Patte-de-Tigre se glissa vers la porte et disparut.
 I-ka-eh le dominait en souveraine.
     Elle se leva alors et décrocha un sac de peau orné de
 franges de cuir découpé et peint de plusieurs couleurs,
  qui pendait à une perche à l'entrée de la hutte. L'ayant
 ouvert, elle en tira d'abord une griffe de vautour, puis
 des coquilles marines percées de trous pour les pendre,
 des dents de grandes bêtes, des pierres de différentes
 formes et enfin une lame polie, brillante, aiguë, incontes-
 tablement en fer.
    J'étais fort intrigué par la présence de cet instrument
 à Solutré, et je demandai à I-ka-eh de quel pays était
 venu son père ?
    — J'en ai oublié le nom, me répondit-elle ; mais il
 était parti de très-loin du côté de l'Orient, avait suivi
 les rivages d'une grande mer, remonté un fleuve en chas-
 sant pour vivre, lui, ses femmes et ses enfants ; et enfin,
après un grand nombre de lunes, il était arrivé ici, où on
le reçut fort bien, quoique les gens de la tribu fussent
d'une grossièreté dont Patte-de-Tigre peut donner un
exemple. Sa force, son adresse, son intelligence, lui ga-
gnèrent la confiance des chasseurs de renne et ils en firent
leur chef. Il est parti très-vieux pour le pays de la lune,
me laissant seule de toute la famille et me recomman-