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LA TESS0NNE. 19 Jambelière, où on les retrouve au pied de vieuxnoyers (1). Doux ruisseau de la Tessonne, où se mire encore la haute tour, nous te pensions pur comme au sortir de la roche de Beccajat; le babil des laveuses, la chanson gri- voise du meunier troublaient seuls tes bords, et nous di- sions: « Si tu ne laves point les murs des grandes villes, Tesflolsn'ont pas rougi des discordes civiles, Tessonant, tu n'as pas dans ton cours frémissant Vu ton cristal terni par des ondes de sang ! » Hélas ! pas un coin de terre exempt de meurtre ; la poussière des siècles, le terreau autour des forteresses sont faits de chair humaine. Voici, un fourreau de da- gue (2) qui en témoigne. Voici l'horloger de l'Espinasse, le seul industriel qui reste de tant d'industries de la grande ville, qui conserve les vieilles pièces de monnaies perdues dans les batailles. Pour un peu d'or, Gaule, em- pire romain, moyen âge, religion ! J'aime mieux voir le petit châtelet du temps de Henri IV, qui remplaça la forteresse brûlée. La tour du donjon sévère et solitaire plane sur le marais et, quoique dans un bas-fond, paraît de fort loin parmi les arbres. Mais le toit aigu, le mur orné d'un damier de briques vernissées, les baies garnies d'élégantes colon- nettes, la cour d'honneur et le portail en bossoir de ce manoir, ses inscriptions sur les cartouches sculptés an- noncent une ère de paix. Labaronniede l'Espinasse remonte aux premiers temps (1) Ibidem. (2) Trouvé dans les terres autour du donjon. On y a recueilli une pièce de Charles X de Bourbon, roi pour la Ligue (1590). —Les pièces romaines s'y rencontrent fréquemment.