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434                     VOYAGE EN GRÈCE.

  sentier suit longtemps le cours d'un torrent, tantôt se .trouvant
 à son niveau dans le creux d'une fraîche vallée, tantôt le do-
 minant , du haut des rochers, de toute la profondeur d'un
 abîme. Là règne une immense solitude où s'élève une foret de
 pins qui gémissent sans cesse. Deux ou ti'ois pauvres habitations
 se trouvent au sortir de ce grand bois, dans un lieu que les
 Turcs appelaient Arapoudossa, nom que les Grecs traduisent
 par Maurogourouni [fixvpoyovpovvt, sanglier noir). Le vague
 souvenir existe encore d'un monstre puissant qui désolait la
 contrée, et qui fut terrassé par un héros, nouvel Herculer dont
 le nom et les hauts faits sont ignorés du monde. Aucun poète
 ne .s'est trouvé là pour le faire passer à la postérité dans quelque
 sombre et merveilleuse légende. Le Penthelique se termine par
 une pointe aiguë, inaccessible du côté de Marathon. Pour y
 arriver, il faut passer sur l'autre versant de la montagne qui est
 aride et rocheux autant que l.e premier est plein d'ombrages.
 On y rencontre, presqu'au sommet du mont, des vestiges nom-
 breux de carrières d'où les anciens Grecs tiraient leur marbre ;
 plus bas, sont de grandes carrières exploitées de nos jours, et
 produisant un beau-marbre couleur d'or semé de veines bleues.
    Au pied du Penthelique, est situé, un petit monastère, où
 nous allâmes demander une hospitalité de quelques instants.
 Rien de plus humble, de plus solitaire et de plus mélancolique
 que ce petit couvent, perdu dans une touffe de bois épaisse et
verte, l'e dôme arrondi de sa chapelle bysantine s'élève à peine
 au-dessus des arbres qui l'entourent, et sa cloche, à la voix
fôléc, semble lasse d'appeler inutilement le voyageur égaré ou
 fatigué. Aussi, quand je fis mon entrée, suivi de ma petite ca-
ravane, y fus-jc reçu comme un hôte longtemps attendu, par
un de ces religieux grecs dont l'altitude inspire moins de respect
que celle de nos moines austères, mais dont la physionomie
heureuse et ouverte fait naître la confiance et vous met à l'aise.
Le bon moine nous installa dans une grande salle basse et en-
fumée où nous étalâmes nos provisions. Après s'être fait apporter,
bourrer et allumer sa longue pipe, il s'assit et voulut assister
à notre frugale collation ; il paraissait heureux de s'entretenir