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382 MOLIÈRE, ÉLÈVE DE GASSENDI. Ce qu'il y a de certain, c'est que si Molière est devenu car- tésien en physique, il est demeuré fidèle aux leçons, de Gassendi en métaphysique et en morale. De là un caractère de Molière en opposition avec le spiritualisme cartésien'de la plupart des grands écrivains du siècle de Louis XIV, de là l'origine et l'explication d'un certain nombre de traits comiques répandus dans quelques- unes de ses pièces, de là quelques maximes de sagesse plus en harmonie avec la morale de l'intérêt bien entendu qu'avec.celle du devoir. Ainsi, Molière lui-même ne peut être entièrement compris par qui est ignorant de la philosophie du XVIIe siècle. Il en est de plus d'une fable de Lafontaine, de plus d'une lettre de Mme de Sévigné, déplus d'un chapitre de La Bruyère comme des comédies de Molière, et à plus forte raison de Pascal, de Nicole, de Bossuet et de Fénelon, même dans les écrits qui n'ont pas la philosophie pour objet. Dans le XVIIe comme dans le XVIIIe siècle, la philosophie est de toute part inspirée et péné- trée par la philosophie contemporaine. Séparez donc l'étude des lettres de celle de la philosophie et de son histoire, et, entr'autres résultats, vous aurez celui de rendre en partie inintelligibles les chefs-d'œuvre de la littérature française. FRANCISQUE BOIJILLIER. «