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HOSPICES D'ALIÉNÉS. 299 vunt qui œdificant eam. Si le Seigneur n'édifie la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent. Et encore partout, dans cet asile d'assistance fraternelle, ils ont écrit aux points les plus élevés de l'édifice, comme pour le rap- procher davantage de sa céleste origine, ce divin axiome : Dieu est charité. Ces frères hospitaliers étaient autrefois connus en France sous le nom de frères de la Charité, et l'Italie leur avait consacré cette autre désignation qui résume en elle les commandements de Dieu : Fate ben fratelli, désignation dont nous trouverons l'o- rigine dans la vie du fondateur de l'ordre. Ce même ordre a, pour insigne, une grenade entr'ouverte, sur- montée d'une croix. Les sculptures et les moulures de la maison reproduisent cet emblème. La grenade est, en France, le symbole de la valeur militaire. Elle pare nos soldats d'élite les plus prêts à l'assaut. Placés aux avant-postes dans le soulagement des misères humaines les plus repoussantes, les Frères de Saint-Jean-de-Dieu auraient revendi- qué cet emblème, si toutefois leur humilité leur en avait permis l'adoption. - Mais la légende indique parfaitement la source de cet emblème qui n'emprunte rien à la signification parfois peu humanitaire de la grenade du soldat. Son origine se lie à la miraculeuse ap- parition du Sauveur du monde au fondateur de l'ordre; quant à ee cœur brûlé d'amour, à cette nature haletante sous le poids de ses affections pieuses, il fallut ouvrir le champ des bonnes œu- vres et le lui circonscrire, par des limites restées encore trop étroites pour cette âme embrasée. C'est au territoire de Champagneux, banlieue de Lyon, qu'est établi, depuis 1825, l'hospice d'aliénés des Frères de Saint-Jean- de-Dieu. L'ancien château de ce nom abrite sous le même même toit et cette masse d'hommes qui souffrent et cette autre réunion d'hommes qui soulagent; en tout six cents. Union involontaire et divisible, quant aux premiers ; volontaire, compacte et soli- daire, quant aux seconds.