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                             ATHÈNES.                           209
des maisons basses et de pauvre apparence, voilà tout ce qui reste
de l'ancienne splendeur de ce port. Notre vaisseau fut bientôt en-
touré d'une foule de caïques arrivés pour nous porter à terre, Ge
n'est pas sans peine que nous pûmes arracher nos bagages et nos
personnes même des mains des bateliers et des garçons d'hôtel
qui se les disputaient avec acharnement. Ne sachant sur qui faire
tomber notre choix, nous nous assîmes sur nos malles, au risque
d'être enlevés avec elles, et nous attendîmes jusqu'à ce que, sous
les riches costumes de pallikare revêtus par ces gens-là, nous
eussions trouvé une figure à moustaches moins longues, aux
cheveux moins en désordre, à l'aspect moins klephtique, qui nous
inspirât assez de confiance pour que nous lui remissions le soin
de nous conduire dans un bon hôtel d'Athènes.
   Une fois à terre, nous nous empressâmes de glisser une pièce de
cinq francs dans la main qu'un douanier grec nous tendit, ce qui
nous évita la visite de nos malles. Puis nous montâmes dans un
fiacre traîné par deux chevaux efflanqués qui nous emportèrent
néanmoins rapidement vers Athènes, à travers une longue plaine
aride et brûlante, et au milieu d'un tourbillon de poussière si
épais que nous passâmes le bois d'olivier sans nous en apercevoir.
   En approchant d'Athènes, aucun de ces bruits confus et immen-
ses qui font pressentir une grande ville -, on y arrive et le silence
règne encore autour de vous, interrompu seulement par la course
rapide d'une de ces voitures disloquées qui transportent les voya-
geurs du Pirée à la ville et de la ville au Pirée. On y arrive par
 une grande rue bordée de maisons à un étage et au milieu de
laquelle croît un haut palmier, l'unique palmier de l'Attique. On
 croit entrer dans une petite ville d'Europe ; le costume et le lan-
 gage seuls des habitants vous font souvenir qu'on est en Grèce.
    Athènes est bâtie au pied de l'Acropole, ville antique, quipro--
jette sur la nouvelle la grande ombre de ses ruines. Les Grecs
 avaient un instant conçu l'idée de bâtir la capitale du royaume
 sur l'isthme de Corynthe ; mais le nom d'Athènes avait pour eux
 un singulier prestige, et ils crurent que ce serait renier leur passé
 que de donner à la nouvelle Grèce une autre capitale. L'immense
 et magnifique plaine de l'isthme était cependant l'emplacement
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