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174              HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.
   Un autre avis, publié quelques jours plus tard, annonce que,
dès que la feuille aura deux cents abonnés, elle paraîtra tous les
jours. Ce nombre n'a jamais été atteint.
   Le gouvernement ne permettant pas les discussions politiques,
les nouvelles du dehors n'étant même racontées qu'avec circon-
spection, les querelles particulières devenaient une bonne for-
tune pour les journalistes et les lecteurs. Fourrier, sous ce rap-
port , était un écrivain précieux. Tantôt prenant à partie les
poètes ou les dames, tantôt changeant la face de l'humanité, il
soulevait à chacun de ses articles des réclamations et des pro-
testations auxquelles il répondait immédiatement. Cette guerre
animée, où les gros mots et les personnalités n'étaient pas mé-
nagés, convenait à son caractère, et il ne refusait de faire le coup
de feu avec aucun de ceux qui voulaient se donner le plaisir de
l'attaquer. On a vu, dans le Bulletin de Ballanche, quelles luttes
il eut à soutenir. 11 eut dans le Journal de Lyon des querelles
non moins vives. II répondait à tout, et les lecteurs riaient de
voir le réformateur dilapider avec tant de facilité son esprit et
sa dignité.
   Le 30 frimaire, un écrivain caché sous le pseudonyme de
Délyror lui écrivit la lettre suivante :
  « Â l'auteur de l'article : TRIUMVIRAT CONTINENTAL, inséré dans le BULLETIN
DE LYON du 20 frimaire an XII.
                                        « De Charenton, près Paris.
       « Mon frère,
   « J'ai lu avec le plus vif plaisir les belles prophéties que vous avez fait
imprimer dans le Bulletin de Lyon. Permettez que je revendique, en faveur
des commensaux de l'hôtel que j'habite, une portion de la gloire et des ré-
compenses qu'elles ne manqueront pas de vous attirer.
   « Votre Triumvirat est bien la conception la plus neuve et la plus hardie
qu'on puisse imaginer, et je ne m'étonne plus qu'après un tel effort de génie,
vous traitiez tous les publicisles anciens et modernes de gens à vue courte,
voire même de parfaits imbécilles.
   « Vous avez donc enfin mis â sa véritable place cette petite monarchie
prussienne dont la puissance éphémère ne s'appuie guère que sur deux cents
mille baïonnettes et sur des intérêts communs avec votre ami l'autocrate de
toutes les Russies.