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142             INFLUENCE DE LA LITTÉRATURE.
Si l'incrédulité du nouvel académicien se paie de ces graves
raisons, mieux vaudrait pour le poète n'avoir jamais été qu'un
simple et honnête chevrier, ne sachant ni lire ni écrire. Mais là
ne s'arrête point, chez M. de Musset, l'abus d'un talent qui s'élève
au-dessus des poètes vulgaires ; son langage affecte d'ordinaire
une crudité révoltante, sur quoi nous rappellerons la pensée
d'un autre poète, l'auteur des Confidences, qui observe que
« la saleté des mots est une souillure de l'âme. »
   Au reste, l'oubli de la chasteté dans la parole, la recherche
amoureuse de la nudité et des peintures lascives, ne se voit pas
seulement chez M. de Musset ; les ïambes de M. Barbier ont de-
vancé Rolla dans cette déplorable route, et quoique M. Barbier
nous assure que

          Son vers rude et grossier est honnête homme, au fond,

le cynisme sera toujours un spectacle repoussant et indigne de
la véritable poésie.
   M. Menche fait grâce à Victor Hugo, dont les poésies lui pa-
raissent « animées des sentiments les plus vrais, les plus purs,
les plus moraux, les plus religieux. » Avant tout, Victor Hugo
est un grand artiste, qui cherche l'art pour l'art. Lamartine et lui
nous ont révélé les magnificences de la poésie lyrique, mais
l'auteur des Feuilles d'Automne a-t-il foi à quelque chose ? ne
chante-t-il pas le doute comme une espèce d'apanage des pen-
seurs de nos temps, comme un effet de la volonté de Dieu? Ainsi,
dit-il :
         Ainsi repousser Rome et rejeter Sion,
         Rire, et conclure tout par la négation,
         Comme c'est plus aisé, c'est ce que font les hommes.
         Le peu que nous croyons tient au peu que nous sommes.
         Puisque Dieu l'a voulu, c'est qu'ainsi tout est mieux !
         Plus de clarté peut-être aveuglerait nos yeux.

  L'auteur des Odes et Ballades proclamait que « l'histoire des
hommes ne présente de poésie que jugée du haut des idées mo-
narchiques et des croyances religieuses. » Hélas ! que n'a-t-il