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A MADAME J. B . Un sentier d'ennui, de misère, Où je pose en tremblant mes pas. Mais les beaux jours de mon enfance, Mais ma jeunesse en liberté, Ces élans de bonheur immense, Mon beau pays si regretté, Ces amours pour un blond visage Lorsque sur un rocher sauvage Je gravais un nom que j'aimais, Ces amours chantés sur l'abîme Auprès de l'aigle au vol sublime, Qui peut me les rendre jamais ? L'oiseau de la verte charmille Par le grain seul est attiré; L'amour de toute jeune fille A besoin d'un appât doré. Autrefois, timide compagne, En voyant la riche campagne Qui touchait au toit paternel, Pouvait sourire à mon ivresse ; Aujourd'hui le mirage cesse Et mon veuvage est éternel. Aujourd'hui je sais ; aucun rêve Ne vient bercer ma longue nuit. Que le jour se couche ou se lève,