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          SUR LE POUVOIR TEMPOREL DE LA PAPAUTÉ.                29
Goths. Reprise sur ces derniers avec l'Italie par Bélisaire et
Narsès, généraux de Justinien, elle continuait d'obéir aux sou-
verains de Byzance. Pendant les deux cents ans que les Grecs
dominèrent encore sur elle, les papes firent tous leurs efforts
pour leur conserver cette importante possession. C'est un fait
notoire qu'ils employèrent à cela, non seulement l'autorité delà
religion et leur influence personnelle, mais encore les ressources
de l'Eglise romaine. Or, on a peine à croire de quelle ingratitude
les souverains de Bysance payèrent tant de services. Non con-
tents d'abandonner les papes à eux-mêmes, on aurait dit que le
but unique des instructions données aux Exarques et auxPatrices
chargés de représenter en Italie l'autorité impériale, c'était de
traverser leur administration, de leur susciter mille querelles,
mille persécutions, de conspirer contre leur vie. En 650, l'em-
pereur Constant fit enlever Martin Ier, et, après l'avoir abreuvé
d'outrages, l'envoya mourir en exil (1). En 692, Sergius, et en
701, Jean VI n'évitèrent un sort semblable que par le dévoue-
ment du peuple romain qui les protégea (2). Si, poussée à bout
par ces vexations répétées, Rome ne secoua pas alors le joug de
l'Empire, ce fut grâce encore à l'invincible patience des pontifes.
Mais il y a un certain excès que la tyrannie, même la plus puis-
sante, ne dépasse jamais impunément et qui amène infaillible-
ment sa ruine. Une tentative impie de la cour de Byzance devint
le signal d'une réaction qui finit par lui enlever sans retour Rome
et l'Italie.
   En l'année 727, l'empereur Léon l'Isaurien commença à s'é-
lever contre le culte des images. C'est une chose étonnante que
l'obstination avec laquelle ce prince, qui ne manquait pas
d'ailleurs d'habileté, se passionna pour cette misérable erreur.
Il semblait attacher à son triomphe sa gloire et le salut de l'Em-
pire. Après en avoir infecté l'Orient, il crut qu'il pourrait l'in-
troniser à Rome et il envoya l'ordre d'y détruire partout les
images des saints et des martyrs. Il osa promettre ses bonnes

  (1) Barooii Annales, ad ami. 6S0.
  (2)Td,, ad ann. 692 et 701.