Revue du Lyonnais » série 2 - n°4 ( 1852 ) » pp.018

                     ESSAI HISTORIQUE

                                   SUR   LE




POUVOIR TEMPOREL DE LA PAPAUTÉ
                             AU MOYEN AGE.




    Le pouvoir spirituel de la Papauté est solennellement proclamé
 par le Sauveur du monde : il est exercé sans conteste par les suc-
 cesseurs de saint Pierre ; dès le berceau du Christianisme, il se
 développe avec lui, et tous le reconnaissent pour le centre de l'unité
 ecclésiastique. Le pouvoir temporel de la Papauté ne sort point
 comme le premier si clairement des paroles évangéliques,- il
jaillit plutôt des circonstances, après être resté assez longtemps
obscur. Mais, s'il n'est point égal à l'autre pour la splendeur di-
vine du droit, il ne lui est point inférieur pour la légitimité du
fait. Nous allons essayer de le montrer.
    Le Ve siècle vit naître pour Rome d'étranges moments. Cette
ville, qui avait si longtemps régné sur le monde, devint tout à
coup la proie de ceux que son sceptre avait humiliés. Un jour
qu'un de ces conquérants barbares marchait contre elle pour
l'effacer de la terre, il arriva que, dans sa détresse, ses légions
ne pouvant plus la défendre, elle eut recours à son évêque. Saint
Léon marcha à la rencontre d'Attila, armé simplement de la ma-
jesté de la religion, et l'on dit que le monarque superbe, cédant
à l'ascendant victorieux du pontife, se replia devant lui (1). Que

  (1) Ca;siodori Chronicon. — Jornandes, de Golhor. orig. tt gestis, c. XMl.