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292                      LA TENTATION.

       Ainsi le morne enfer envahit chaque place
       Des cœurs dont à pas lents se retire la grâce.
       Versez-moi donc à flots le rayon bienfaisant,
       0 mon père, et dans moi soyez toujours présent.
       Que le Verbe éternel votre fils et vous-même,
       Ce fils que vous aimez, seigneur, et qui vous aime
       Ne délaisse jamais mon cœur qu'il a fait sien ;
       Hors ce qu'il peut en moi, mon âme ne peut rien;
       Oui, je le sens, mon Dieu, cette chair qui le porte
       Reçut, étant si faible, une tâche trop forte.
      Soufflez-moi chaque jour votre haleine de feu,
       Car l'homme tremble en moi de faillir sous le Dieu.
       Vous soutiendrez mon cœur, l'ayant fait votre vase,
       Votre main qui posa l'univers sur sa base,
      Sur sa tige affermit la pauvre fleur des champs.
      L'âme, ici-bas livrée aux aquilons méchants,
      Ne mûrit pas de grains pour la moisson divine.
      Si dans votre amour seul elle n'a pris racine.
      0 Verbe, dont chacun porte un rayon dans soi
      Puisque vous m'habitez, Seigneur, protégez-moi,
      Et défendez mon cœur du démon qui l'effraie
      Comme vous défendez le froment de l'ivraie,
      L'étoile du nuage et de l'obscurité,
      En abondant chez eux de sève et de clarté.
      Je suis prêt au combat, mon père, et vous supplie ;
      L'homme a fait ce qu'il peut il pleure et s'humilie ;
      C'est à vous d'enchaîner le tentateur fatal,
      Oh ! vous, souverain bien, délivrez-nous du mal ! »


      Or l'esprit saint à qui l'humilité commande,
      A qui toute prière ouvre l'âme plus grande,
      Vint dans le fds de l'homme emplir, dès ce moment,
      La place faite à Dieu par le renoncement.