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                     LA TENTATION.                        277

Par vos travaux constants son sort s'est adouci ;
Depuis trente ans, Seigneur, nous vous gardons ainsi.
Pour son œuvre aujourd'hui que l'esprit vous réclame,
Tout mon bonheur de mère échappe de mon âme ;
Car d'un monde ennemi je sens déjà les coups,
Au calice de fiel je m'abreuve avant vous.
Malheur aux flancs choisis pour porter un prophète !
La volonté de Dieu, cependant, sera faite;
Allez, — quoique mon sang, hélas, puisse en crier,
Faire l'œuvre du maître en fidèle ouvrier ;
Mais pour rendre , en partant, ma douleur moins amère.
Mon fils et mon Seigneur, bénissez votre mère.»


L'homme, que la colombe, aux yeux de Jean charmé,
Baptisait dans l'éclair du nom de bien aimé,
Courba son front puissant que ceindront les épines ,
Prit les mains de Marie entre ses mains divines,
Lui parla longuement d'un retour éternel,
Et partit, revêtu du baiser maternel.


O famille, ô foyer, temple cher à Dieu même !
0 filial amour, religion suprême ;
Doux asservissement qui fait les hommes forts ,
Paix qui prépare l'âme aux combats du dehors ,
Loi dont les plus grands cœurs suivent le mieux les règles,
Humble nid où s'accroît l'envergure des aigles ,
Joug aimé des plus fiers et des plus triomphants
Qu'un regard maternel trouve toujours enfants !