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NAPOLÉON A LYON. 115 — Ils ne viendront pas l'arracher de là , dit M. de **\ — Eh ! eh ! fit le donneur d'avis. La députation allait se mettre en marche, lorsqu'elle fut en- core arrêtée par un nouvel incident. Un caporal de la garde nationale arrivait ou plutôt se traînait au poste, la mine piteuse , le chapeau déformé, la buffiéterie en désordre, l'habit frlppé et veuf de ses boutons. Le capitaine s'empressa de le faire asseoir en s'enquerant de ce qui l'avait mis en cet état. Le caporal raconta que la curiosité les ayant poussé, lui et deux de ses camarades jusques aux avant-postes impé- riaux , ils étaient tombés au milieu d'un groupe de chasseurs à cheval, lesquels , les voyant sans cocarde, s'étaient égayés à leurs dépens de toute manière ; qu'ils avaient coupé avec leurs sabres les boutons de leurs habits, pour voir, disaient- ils , comment étaient faites des fleurs de lys ; qu'enfin , après les avoir longtemps bernés , sans cependant leur faire subir aucun mauvais traitement, ils les avaient laissés partir, en recommandant de dire à leurs concitoyens qu'ils accueilleraient en frères tous ceux qui viendraient à eux avec la cocarde tri- colore. Quant à ceux qui, comme vous, n'oseraient porter ni l'une ni l'autre , avait ajouté l'officier, nous les traiterons comme des poltrons. — Ah ça ! mais comment faut-il donc s'y prendre pour péné- trer chez ces enragés, s'écria M. de T... ? — Vous l'avez entendu, dit le capitaine , il faut avoir la co- carde tricolore. — La cocarde tricolore ! la cocarde tricolore ! s'exclama le co- lonel. Jamais , Messieurs ! jamais !.... à moins qu'une indispen- sable nécessité.... — Mais, colonel, dit en souriant le capitaine , il me semble que cette nécessité est assez évidente. — Vous croyez, capitaine? Dans ce cas, Messieurs, faisons ce dernier sacrifice. Mais nous n'avons pas de ces cocardes. nous. Où en trouver? Où ça s'achète-t-i! '}