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  sommet de laquelle l'ennemi du genre humain transporta Notre
  Seigneur, et lui montra du doigt les royaumes de l'univers !
     Une fois descendu de cette tour, le moyen d'entrer dans la modeste
  chapelle ? Vous auriez peur de vous briser le crâne contre ces frêles
  arceaux gothiques. Le moyen de vous agenouiller aux pieds de la
  Vierge, mère du pauvre, vous qui venez de voir, à vos pieds, la plus
 belle partie de la France, escortée de ses plus beauxfleuves,encadrée
 dans ses plus hautes montagnes ! Aussi, à dater du jour où cette
 tour malencontreuse fut construite, il n'y a plus de chapelle de
 Fourvières. La sainte Vierge a été vaincue par le spéculateur son
 voisin, la tour massive a écrasé le clocher, le curieux a remplacé le
 croyant. En vain l'église a voulu se défendre contre cette pierre
 envahissante ; la pierre est restée immobile. Le temps n'est plus
où la foi soulevait même les montagnes. Un instant, à l'époque où
 les métiers, ces cœurs de la ville, ne battaient plus à Lyon, le génie
 militaire a été sur le point de mettre d'accord la chapelle et la
 tour du spéculateur : on voulait raser à la fois le temple et la boutique
 du marchand. Sur cet emplacement emporté d'assaut se fût élevé
 un fort garni de canons, et destiné, comme tous les autres forts qui
 entourent la ville, à protéger Lyon contre le sommeil des métiers.
 Je ne sais pas pourquoi le génie militaire a épargné ainsi cette cha-
 pelle et cette tour ; c'était pour la chapelle une belle occasion pour
 bien mourir.
    Ce n'est pas que je veuille anéantir le modeste et pieux édifice en
prenant ainsi sa défense contre les ignobles pierres qui se sont
placées devant son soleil ; au contraire : si jamais chapelle catholique
mérita nos hommages et nos respects, c'est la chapelle de Fourvières.
Elle s'élève, ou plutôt elle s'élevait loin des agitations des hommes,
loin de leurs passions mauvaises, loin de leurs grands intérêts, si
misérables quand on les voit d'en haut. Humble chapelle ! Elle était
le rendez-vous de toutes les âmes tremblantes, de toutes les espéran-
ces timides ! On y venait en pèlerinage du milieu de cette ville, ou
plutôt du fond de cet abîme qui s'appelle Lyon, intercéder aux pieds
do Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. C'était une tradition dans ce
gouffre de spéculateurs et de marchands, que Notre-Dame de Fourviè-
res n'avait rien à refuser aux âmes tendres ; et aussi de toutes part