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l'artisan avec sa courte casaque et ses cheveux si longs , qu'ils
 couvraient une partie de sa figure , le praticien avec son cha-
peron à bourrelets sur la t ê l e , et sur l'épaule une cornette de
la longueur d'une aune semblable à celle qu'avaient adoptée les
 gens de lettres e l l e s membres de l'Université de Paris; le
 bourgeois avec un petit mantelet sans a m p l e u r , fermé par
devant et s'ouvrant sur les épaules au moyen de trois aiguil-
lettes de soie ; le marchand avec un pourpoint de drap fin
dont les manches fendues et ouvertes sur le bras , laissaient
apercevoir une chemise éclatante de blancheur. Ajoutez que
c h a c u n , à l'exception des praticiens , avait la tête chargée
d'un bonnet de drap d'une hauteur démesurée , et qui variait
suivant la condition. La barbe longue et inculte appelé na-
zaréenne était alors de mode (et la mode n'était ni moins
suivie ni moins capricieuse qu'aujourd'hui ) , aussi la p o r -
tait-on sans distinction dans tous les rangs. Les essais ten-
tés depuis quelques années pour la faire revivre parmi
nous, n'ont pas le mérite de la nouveauté comme on le voit.
Au milieu de cette foule de curieux , les femmes n'étaient
pas en, moins grand nombre que l e s h o m m e s . Le plus étrange
accoutrement était celui des courtisanes, à qui les règlements
de police interdisaient toute espèce de p a r u r e , et qui ne pou-
vaient porter, dit Paradin , vêtemens de drap de soie, ny corroyés
garnies d'argent blanc, ny dore, ny fourrures de robbes, de
penne de gris , menu-vers, laitisses , penne noire ou blanche
d'aigneaux , excepté tant seulement un pelisson de noir ou de
blanc. On les voyait aller, ça et là, vêtues d'étoffes grossières ;
pourtant, pour être distinguées des dames honnêtes et de bien,
une aiguillette rouge pendait le long du bras gauche et attachée
à la manche de leur robe trois doigts au-dessous de la jointure
de l'épaule. Celles qui paraissaient en public saus cette r e -
marque distinctive qui les flétrissait aux yeux de la société,
étaient passibles de la prison et d'une amende de soixante
sous. Le costume des autres femmes et mères de familles qui
ne se trouvaient mêlées aux courtisanes qu'en de très-rares