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359 l'artisan avec sa courte casaque et ses cheveux si longs , qu'ils couvraient une partie de sa figure , le praticien avec son cha- peron à bourrelets sur la t ê l e , et sur l'épaule une cornette de la longueur d'une aune semblable à celle qu'avaient adoptée les gens de lettres e l l e s membres de l'Université de Paris; le bourgeois avec un petit mantelet sans a m p l e u r , fermé par devant et s'ouvrant sur les épaules au moyen de trois aiguil- lettes de soie ; le marchand avec un pourpoint de drap fin dont les manches fendues et ouvertes sur le bras , laissaient apercevoir une chemise éclatante de blancheur. Ajoutez que c h a c u n , à l'exception des praticiens , avait la tête chargée d'un bonnet de drap d'une hauteur démesurée , et qui variait suivant la condition. La barbe longue et inculte appelé na- zaréenne était alors de mode (et la mode n'était ni moins suivie ni moins capricieuse qu'aujourd'hui ) , aussi la p o r - tait-on sans distinction dans tous les rangs. Les essais ten- tés depuis quelques années pour la faire revivre parmi nous, n'ont pas le mérite de la nouveauté comme on le voit. Au milieu de cette foule de curieux , les femmes n'étaient pas en, moins grand nombre que l e s h o m m e s . Le plus étrange accoutrement était celui des courtisanes, à qui les règlements de police interdisaient toute espèce de p a r u r e , et qui ne pou- vaient porter, dit Paradin , vêtemens de drap de soie, ny corroyés garnies d'argent blanc, ny dore, ny fourrures de robbes, de penne de gris , menu-vers, laitisses , penne noire ou blanche d'aigneaux , excepté tant seulement un pelisson de noir ou de blanc. On les voyait aller, ça et là , vêtues d'étoffes grossières ; pourtant, pour être distinguées des dames honnêtes et de bien, une aiguillette rouge pendait le long du bras gauche et attachée à la manche de leur robe trois doigts au-dessous de la jointure de l'épaule. Celles qui paraissaient en public saus cette r e - marque distinctive qui les flétrissait aux yeux de la société, étaient passibles de la prison et d'une amende de soixante sous. Le costume des autres femmes et mères de familles qui ne se trouvaient mêlées aux courtisanes qu'en de très-rares