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                               S54
 toutes les croyances à la discussion libre, tend ses bras
aux Juifs, et veut leur faire ouvrir doucement les yeux aux
clartés de l'Evangile. Sur tous les points de la France, ce
noble élan est donné. Paris s'enorgueillit de son Lacordaire, et
Lyon s'est peut-être plus avancé encore dans celte croisade
de l'intelligence. Parmi les prêtres catholiques que dans ces
derniers temps notre ville a vu se livrer glorieusement à ce
grand travail, je cite au hasard les noms de MM. CÅ“ur,
Comballot, de Ravignan; et maintenant encore la chaire de
Saint-Nizier retentit des prédications éloquentes de l'abbé
Clerc, cet homme tout d'amour et de feu, qui réunit à une
logique serrée l'érudition la plus vaste, le don d'analyse le
plus développé. Tous ces efforts, partis de la France catholique,
ne restent pas sans résultats : la régénération judaïque s'a-
vance ; les Israélites, admis aux plus nobles emplois de l'Etat,
vont bientôt partager ses croyances. En terminant cet opus-
cule , je cite un fait plus concluant que mes paroles ; ce té-
moignage est pris dans un des journaux répandus de notre
ville, et dans la crainte où je suis d'être accusé d'altération,
je rapporte le texte même :
   « La Cour royale d'Angers vient d'être le théâtre ffiinaL" ,.";(;
cause fort intéressante. Un Juif, nommé Aaron , de .Str^s- (
bourg, était compromis dans une banqueroute frauduleuse. '"!
Me Marie, avocat de Paris, était allé à Angers défendre Aaron,
mais sa tâche était inutile, car les témoins ont tous fait res-
sortir l'innocence d'Aaron, et l'avocat général a fini par ré-
clamer sa mise en liberté comme un acte de justice et de
réparation. Parmi les témoins, on remarquait trois prêtres
du culte catholique qui sont venus déclarer qu'Aaron leur
avait prêté de l'argent sans intérêt, soit pour les pauvres de
leur paroisse, soit pour la réparation de leurs églises. Aaron
fondait en larmes en entendant raconter successivement par
tous les témoins des actes de bienfaisance qu'il avait cru
ignorés.
   « Il paraît que, séduit par son bon cœur, Aaron avait eu