Revue du Lyonnais » série 1 - n°7 ( 1838 ) » pp.344

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mille juive, une classe d'élite, une société à part, qui s'écarte
du commun de la foule, et rougirait peut être de se mêler à
elle. Cette vie de retraite forcée devrait donc aigrir la masse
du peuple juif, entretenir ses haines, et le maintenir dans
son ignorance primitive.
   D'un autre côté, le judaïsme à L y o n , considéré comme
c u i t e , est resté de nos jours encore sous le poids d'une hu-
miliation relative. En effet, tandis que le catholicisme étale
ses pourpres sublimes dans ses églises gothiques, au milieu
de ses saintes mélodies, de ses flots de peuple fidèle et de
ses prêtres dorés; tandis que la réforme s'est fièrement ins-
tallée dans l'ancien hôtel du Change, monument coquet de
Soufflot; tandis que ses chants s'harmonisent avec les soupirs
de l'orgue, jetons un pénible regard sur la synagogue.
    Derrière les bâtiments de la Préfecture, au fond d'un pas-
sage sans issue, vulgairement nommé cul de sac, mal propre,
fétide, occupé presque exclusivement par des écuries, vous
verrez suspendu à la fenêtre arquée d'un deuxième étage un
morceau de bois enveloppé par une vieille harde qui porta
jadis les trois couleurs françaises : c'est là , dans ce r é d u i t ,
que la synagogue est venue cacher ses misères ; c'est là tout
ce que la munificence et la protection du pays ont daigné
 concéder aux descendants d'Abraham, au peuple de David,
 à l'ancienne nation de Dieu. Un jour, je me suis senti le désir
 de pénétrer dans cet asyle que la foi juive a voulu consacrer,
 et pendant que je me débattais contre mes hésitations , je
 suivis sans y penser, quelques rares Israélites. Une allée
 sombre et étroite s'ouvrait devant m o i , je la franchis, et me
 trouvai dans la rue Belle-Cordière ; une seconde entrée était
 placée immédiatement à ma gauche ; j'y suivis encore les
 Juifs; enfin, après avoir long-temps marché et m o n t é , je
 finis par rencontrer une porte sur laquelle étaient tracés des
 mots hébraïques; j'entrai. Imaginez une salle profonde et
 blanchie, prenant jour d'un côté sur le cul de sac dont j'ai
 parlé , de l'autre sur une cour resserrée entre des bâtiments