Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                               OOO


à la France ; plus rien ne pouvait désormais les soustraire
au p é r i l ; 1484 voit le sang des Juifs rougir les rues d'Arles
et de Marseille. Douze ans après, les Israélites sont chassés
de la Provence; quelques-uns se dérobent à l'arrêt de pros-
cription ; mais le 26 septembre 1501 , Louis XII lance un
nouvel éditj exécuté jusqu'à la rigueur, et trois ans a p r è s ,
les hommes du fisc , fidèles aux anciennes maximes de spo-
liation , se saisissent de tous les biens des Juifs.
   Voici la France entièrement veuve de ces hommes qui
payèrent si souvent de leurs têtes le triste privilège d'apporter
les premiers germes de l'industrie dans notre patrie; la voici
libre de travailler seule à son bonheur. Sera-t-elle donc plus
heureuse? Non , car elle tournera son fer contre sa poitrine,
et se déchirera elle-même. Les chrétiens n'ayant plus de Juifs
à maudire, à piller, à massacrer, se maudiront, se pilleront,
se massacreront entre eux. L'Eglise, à force de violences et
de corruption intérieure, a provoqué une scission entre ses
enfants , et quelques-uns, par suite d'une confusion fatale de
la doctrine catholique avec les principes temporels des au-
torités ecclésiastiques, voulurent réformer tout à la fois et ce
qui venait de Dieu et ce qui venait des hommes. Sans doute
les sectateurs de la réforme eurent t o r t , puisqu'ils changè-
rent le dogme et se séparèrent de l'Eglise, alors qu'il eût
suffi de prolester bien haut contre les abus et les dérègle-
ments particuliers dont quelques ministres du Christ se ren-
daient coupables à la face de la terre. Mais enfin la réforme
fut pour la plupart de ceux qui l'embrassèrent une faute de
raison, une affaire de conscience; cette erreur pouvait être
 redressée, on se chargea de la rendre incurable. Je n'ai point
 à noter d'infamie la boucherie décrétée par Charles IX et
 éclairée par les torches de quelques moines ; mon seul but^
 en rappelant ces souvenirs effrayants, mais vivaces, est
 d'adresser cette question : A qui la faute de la Saint Barthé-
 lémy? Peut-on consciencieusement l'imputer aux Juifs pros-
 crits de France depuis plus d'un siècle? Evidemment cette