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sont chassés, les charges de la guerre se font sentir; Char-
les-le-Sage rappelle les trésors du peuple exilé. Ce règne
ressemble donc à tous les autres , et Charles s'en serait allé
comme ses prédécesseurs, s'il n'eût signalé sa mort par la
suppression des impôts. L'approche du trépas est donc bonne
à quelque chose.
   Les hommes du pouvoir réprouvèrent bientôt ces dernières
dispositions de Charles V; l'oncle et régent de Charles V I ,
signala sa puissance par d'énormes impôts dont il écrasa le
peuple ; peut-être les Juifs durent-ils à cette cupidité l'ombre
du repos qu'il leur fut permis de goûter dans les premières
années de ce règne. Je trouve plusieurs dispositions législa-
tives déterminant à cette époque l'état civil des Juifs dans
notre ville. Comme sous le règne précédent, la colonie is-
raéîite fut tenue à supporter les frais de garde de Lyon dans
des proportions égales aux charges des autres habitants ; mais
le capitaine de la ville crut pouvoir, ainsi que les autres
dépositaires de l'autorité, tourmenter et pressurer les Juifs
à son profit. Charles V I , débarrassé de son r é g e n t , gouver-
nait alors par lui-même , et sa raison lui permettait encore
d'avoir une volonté ferme autant que droite. Qu'il me soit
permis de rapporter ici la lettre écrite par ce prince au bailli
de Mascon, tenant alors son siège de justice dans notre ville;
cet acte pourra nous éclairer sur le véritable caractère de
 Charles , et doit servir de pièce importante dans la justifica-
tion d'un règne qui devint ensuite si fatal aux Juifs. Voici la
traduction de celte épître donnée par Ménestrier :
    « Charles, par la grâce de Dieu , roi des F r a n ç a i s , au
bailli de Mascon ou à son lieutenant, salut : les consuls et
habitants de Lyon nous ont fait de grosses p l a i n t e s , de ce
qu'ayant fait un traité avec le capitaine que nous avons esla-
bli dans ladite ville, pour une certaine somme d'argent qu'ils
lui devaient pour ses gages, dont ils étaient d'accord avec
l u i , et au-delà de laquelle il ne peut ni ne doit exiger quoi
que ce soit; cependant ledit capitaine a tâché de tirer des