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en 1139, Maymonides, marchand de pierreries et l'écrivain
le plus distingué de la nation proscrite; Tolède, en 1 0 9 9 ,
eut son Aben-Ezra, médecin et savant distingué; Lyon n'en-
fanta pas un Israélite de génie dont l'histoire ail gardé le nom.
   Le successeur de Philippe-Auguste , Louis "VIII, et les ba-
rons , réduisirent les Juifs à l'état de servitude, c'est-à-dire
qu'ils devinrent incapables de rien posséder; les sommes
qui leur étaient dues devaient être payées à leurs seigneurs,
et toutefois, par un sentiment d'amère raillerie , la loi p r ê -
chait le respect pour leurs droits civils. Je ne parle pas de
la législation ecclésiastique, celle-ci s'offensaitde l'indulgence
royale ; c'était quelques années auparavant que le pape Inno-
cent III avait écrit en France et ordonné de traiter plus du-
Tement les Juifs; la rouelle d'ailleurs était l'idée favorite des
conciles. Le monarque français maintint ce signe humiliant
 des Juifs, et de plus il astreignit ceux-ci à une redevance
de sept sols aux cures.
   Le règne de Louis VIII passa v i t e , mais celui de saint
Louis tint une grande place. Ce prince se laissa quelquefois
emporter par une piété aveugle , il aggrava le sort de Juifs,
maintint leur servitude, les écrasa d'impôts, leur refusa le
droit de témoignage, et ses établissements décrétèrent que
leurs meubles appartenaient aux barons ; peut-être même
comprenait-il dans la latitude de ce mot meubles toutes leurs
propriétés mobilières. Du r e s t e , Louis IX était trop clair-
voyant pour ne pas reconnaître l'inlérêt de la France à con-
server et recueillir les heureux effets de l'activité industrielle
des Juifs ; aussi ne commit-il pas la faute de les chasser à
la légère. L o r s q u e , dans l'année 1252, le roi de France
 lança son édit de proscription , il introduisit cette large
 exemption : « Mais celui des Juifs qui désire garder son do-
 micile en France doit s'adonner à des arts mécaniques , soit
 comme fabricant et m a r c h a n d , soit comme ouvrier , » et
 deux ans plus tard , il lança ses fameuses ordonnances sur
 la réformation des mœurs. Le passage de l'une d'elles est