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284 des Israélites dans le domaine de l'Eglise. Aussi son écrit est-il, tout à la fois, l'expression ardente du zèle le plus cha- leureux et du fanatisme le plus violent ! Je ne sais si le ca- ractère d'Agobard s'était aigri à la longue , mais jamais jus- qu'ici nous ne l'avons trouvé plus intraitable, plus pressant, plus e m p o r t é , j'allais presque dire plus insolent contre les Juifs. Ce n'était pas assez de prononcer anathème sur les Is- raélites et leurs descendants, il lui fallait encore faire des- cendre la malédiction de Dieu sur leurs r e p a s , leurs caves, leurs celliers et leurs animaux. En voulant trop étendre la colère divine, on la relâchait, on la dégradait m ê m e . Du r e s t e , ces paroles recevaient un formel démenti par l'accrois- sement de la richesse des Juifs et la faveur dont elle parais- sait être l'objet exclusif. En vérité, ces frénétiques transports d'une fièvre religieuse m'étonnent lorsqu'ils sont placés dans la personne du savant et grave archevêque de Lyon. Celle intolérance accidentelle n'était pas dans sa nature toute phi- losophique. J'explique ma pensée par ce fait. En vertu de la position topographique de L y o n , le vent d'est venait d'amener la grêle et des pluies abondantes sur notre ville et les campagnes qui l'avoisinent. Si les Juifs avaient été moins privilégiés dans ces t e m p s , ils auraient supporté vis-à -vis le peuple la responsabilité de ces ouragans, mais on tourna l'accusation contre des étrangers nouvelle- ment sortis du fond de la Germanie ou des forêts de la Bohème. Ceux-ci furent nommés sorciers ou tempestaires, fai- seurs de tempêtes. Ces tyrans de l'air, disait-on, savaient bien mettre à profit les malheurs publics : suivant leurs sta- tuts diaboliques, tous les fruits que la grêle avait abattus leur appartenaient de plein droit; ils les faisaient passer dans une région aérienne , et les vendaient à leurs compatriotes ou à leurs parents en sorcellerie ; ils se servaient de vaisseaux plus légers que l'atmosphère et de pilotes de la même es- pèce pour transporter ces denrées. Le bruit se répandit bientôt dans Lyon que les Bohémiens