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chasse une population tout entière ; l'autre impose forcément
 ses croyances à une partie de ses sujets, et jette dans les fers
le vicaire de Rome , dont la conscience se révolte et proteste.
 Cet abus de la force en sens contraire est un argument déci-
sif , ce me s e m b l e , contre la logique de ces hommes q u i ,
dans leur zèle aveugle , voudraient nous ramener aux beaux
jours de l'intolérance et de la rigueur, si on les laissait faire.
Aussi b i e n , contrairement à l'opinion brillante, mais hasar-
dée , du grand orateur chrétien, q u i , ces mois derniers e n -
c o r e , se faisait entendre parmi n o u s , je pense que la rigueur
déployée autrefois dans la théocratie judaïque ne doit plus
être exercée aujourd'hui pour ramener la nation israélite ou
tout autre à la lumière. La force, en effet., n'est point une
preuve en faveur de la vérité ; car la force se divise, elle
change de m a i n s , se combat et se détruit elle-même ; la
vérité, au contraire, une et indivisible, ne se détruit jamais
elle-même ; la force est l'arme des méchants et rarement
 celle de la justice. Du r e s t e , l'empire de la violence a été
détruit par l'Homme-Dieu. Cette personnification vivante de
la justice et de la vérité, Jésus-Christ, le Dieu fort, s'est
laissé immoler par la force pour annoncer au monde que
cette loij sous laquelle le monde avait gémi jusqu'alors, \e-
nait d'être maudite ; la douceur remplaça la violence, et celle-
ci entendit prononcer son arrêt de mort par ces paroles :
Celui-là qui se sert du fer périra par le fer. La défense vio-
lente fut condamnée elle-même ; les premiers chrétiens mar-
chèrent soumis à la m o r t , lorsqu'il leur eût suffi d'étendre
le bras pour écraser leurs persécuteurs. Enfin, pendant que
l'islamisme, c'est-à-dire l'erreur et le mensonge, s'étendit et
s'implanta par le fer, le catholicisme convertit' le monde par
la parole et la persuasion. C'est donc à l'aide d'une déviation
des principes chrétiens que , long-temps après , la puissance
ecclésiastique eut recours à la violence. L'Eglise sentait si
bien la puissance de cette vérité, que les inquisiteurs espa-
gnols jouèrent vraiment la comédie. Ecclesia nescit sanguinem,